L'eau des marécages d'Hières
création et dessèchement
Le cours du Gapeau à travers les âges


La constitution des marécages et des cordons littoraux résultent essentiellement des apports des alluvions du Gapeau, du Roubaud et du Pansard qui au fil des millénaires ont "rempli" la rade d'Hières sur environ 15 kilomètres (repère sur côte -50 mètres de la carte géologique).
M. Lutaud, professeur de Géographie physique à la Sorbonne, a réalisé une étude sur les alluvions du Gapeau et de son principal affluent, le Réal Martin. Il a ainsi démontré que le Gapeau passé initialement par la cuvette de La Garde, puis tournait à l'est, se dirigeait, vers Hières et la mer, suivant la dépression naturelle entre le massif Paradis-Mont des Oiseaux et les Maurettes (lit actuel du torrent Le Roubaud).
Les alluvions se jetaient alors dans l'alignement du Palyvestre ; ce qui "chargea" probablement, en premier lieu, cette zone.

(voir les détails sur page spécifique "Géologie - Cours du Gapeau" - Cliquez !)

 


Mise en évidence du niveau -50 m. qui montre le volume d'alluvions apporté essentiellement par le Gapeau - (zoom)
Variation du niveau des océans au fil des millénaires

Les carottages effectués dans la glace dans la région de Vostok ont permis de reconstituer les variations du niveau des mers au fil des 420 000 dernières années.
Le dernier niveau "haut" des océans remonte à environ 120 000 ans et la dernière glaciation (niveau bas) à 18 000 ans.
Si le double tombolo existait déja il y a 120 000 ans, il aurait forcemment subit l'effet de l'érosion durant les 102 000 ans ou la mer a progressivement baissé son niveau pour atteindre -125 mètres.

La constitution progressive du simple, puis du double tombolo est une énigme quand à sa période de sa formation. Il est cependant certain que le cordon littoral compris entre l'embouchure du Gapeau et Giens a constitué en arrière une zone de marécages et d'étangs. Ces dépots de sédiments n'ont pu se constituer que lorsque le niveau de la mer s'est trouvé à un niveau voisin de celui d'aujourd'hui.
Ces périodes se situent :
--- Il y a 5000 ans, ou le niveau de la mer était remonté à -5 m (-120 m il y a 18000 ans).

(voir détails sur page spécifique "Géologie - Variation du niveau des océans" - Cliquez !)

Si des dépots de sédiments s'étaient constitués au stade actuel il y a 120000 ans, la baisse du niveau des mers durant la période qui a suivi, aurait probablement occasioné le ravinement d'une grande partie de ces sédiments. Là encore l'énigme reste entière ; on ne peut faire que des suppositions !

 

Constitution du double tombolo et des marécages

Hypothèse sur la constitution du double tombolo de Giens - (version mars 2013)
Les carottages effectués dans la glace dans la région de Vostok ont permis de reconstituer les variations du niveau des mers au fil des 420 000 dernières années.
Le dernier niveau "haut" des océans remonte à environ 120 000 ans et la dernière glaciation (niveau bas) à 18 000 ans.
Si le double tombolo existait déja il y a 120 000 ans, il aurait forcemment subit l'effet de l'érosion durant les 102 000 ans ou la mer a progressivement baissé son niveau pour atteindre -125 mètres.

En fonction des informations et réflexions détaillées sur cette page , je n'ai pas pu résister à la tentation de réaliser une "simulation" de ce qui "aurait pu se passer" il y a quelques milliers d'années.

Je vous rappelle que celle-ci n'est qu'une "hypothèse personnelle".

--- Documentation disponible
A partir de nouveaux documents (1) établis par BLANC Jean Joseph dont j'ai pris connaissance en ce début d'année 2013, je revois mon hypothèse afin que celle-ci soit cohérente avec ces dernières informations.
Je vais utiliser pour cela :
-- Plan A - Une coupe de terrain réalisée à partir d'un sondage au milieu du tombolo ouest,
-- Plan B - Un plan illustrant la présence d'un cordon antique induré devant l'ancienne cité d'Olbia,
-- Plan C - Une coupe de terrain dessinée après la réalisation d'un forage au village de La Capte sur le tombolo Est.
-- Plan D - Une coupe en travers du lit du Gapeau au niveau du quartier du Moulin Premier.
-- Plan E - Un plan illustrant la présence de "paléo-chenaux" dans le prolongement du Gapeau et du Pansard.
--- Réflexions
Si nous nous positionnons dans le temps à -11 000 ans.
-- Pour le tombolo Ouest nous avons des grés indurés datant de 28 000 BP qui nous indiquent une arête rocheuse entre l'Almanarre et Giens sous 3 mètres d'eau environ. (plan A et B)
-- Pour le tombolo Est nous trouvons sur le plan C :
---- du grés permien à partir de -70 mètres (250 Ma BP),
---- des éboulis à lentilles argileuses rouges de 40 à 70 mètres (de -12 000 BP à - 3 Ma BP).
--- Première conclusion
Les différents sondages nous apportent la preuve que le double tombolo dunaire s'est constitué durant la dernière remontée des océans. (- de 18 000 ans). Celui-ci est donc tout rescent ..... par rapport aux périodes géologiques.
--- Apport des alluvions
Il est écrit ans certains documents que le Gapeau se jetait à une certaine époque dans le "Port de Toulon". Si nous observons la carte des fonds marins en ce lieu, nous constatons que la ligne des -30m se situe juste au niveau de la digue du port et à seulement 400m du rivage au large du Cap Brun et du Bou Rouge alors qu'elle est à 3000m du tombolo ouest. Si le Gapeau s'était jeté dans le port durant quelques milliers d'années, la grande rade aurait probablement était remplie comme du côté d'Hyères. Sauf informations contraires, il peut être considéré qu'il n'y a aucun cours d'eau important qui puisse apporter des alluvions en provenance du côté de Toulon. Je considère alors que tous les dépôts constituant les tombolos proviennent donc du côté Est d'Hyères.

Afin d'essayer de reconstituer la chronologie de la formation du double tombolo, j'ai utilisé comme base de travail une carte de 1638 qui est la plus ancienne et la plus précise, à ce jour en ma possession ..... pour l'époque. Les proportions ne sont que très approximatives, mais c'est le principe que nous recherchons !

Afin d'essayer de reconstituer la chronologie de la formation du double tombolo, j'ai utilisé comme base de travail une carte de 1638 qui est la plus ancienne et la plus précise, à ce jour en ma possession ..... pour l'époque. Les proportions ne sont que très approximatives, mais c'est le principe que nous recherchons !

* Plan n°1 - Nous sommes il y a 11000 ans, le niveau de la mer qui remonte progressivement, est environ à la côte -50 m. qui correspond globalement à la fin des dépots des éboulis à lentilles argileuses sous le tombolo Est (plan C). Le terrain émergé à ce moment là, remonte progressivement jusqu'au grés induré du tombolo Ouest. Le Gapeau commence à remplir son sillon d'érosion en apportant des alluvions en abondance (plan D) et remplit également les paléo-chenaux (plan E). Le Pansard et le Roubaud y contribuent également.
La coupe du lit du Gapeau (plan D), nous montre que le sous sol profond en rive droite est du grés permien, alors que la rive gauche est constitué de phyllades avec une faille à la jonction des deux.
--- la ligne bleu schématise les rivages au niveau -50 m. [hors alluvions -> rocher brut supposé] par rapport à aujourd'hui = BP --> before present. Le plan F ci-dessous met en évidence le volume des alluvions apporté par le Gapeau entre la Pointe de Carqueiranne et le Cap Bénat.

--- La zone" alluvions Gapeau 1", schématise les apports fait par le Gapeau à son stade primaire lorsqu'il arrivait par la dépression de Saint Jean, bien avant les dernières ères glaciaires. Ces dépots constituent probablement la sous couche de tout ces apports.
--- La zone "alluvions Gapeau 2", schématise les apports fait par le Gapeau à son embouchure actuelle et qui se sont supperposés aux précédents.


* Plan n°2
--- Les alluvions constitués de sables laguno-marins et d'argiles versâtres sont progressivement poussés vers l'ouest en direction de l'arête rocheuse située entre l'Almanarre et Giens durant la période de 8 500 BP à 5 000 BP pour faire des dépots jusqu'au niveau -30 mètres environ. Sous l'effet des vagues, ces alluvions ne se déposent pas à l'horizontale, mais légèrement en pente, comme le sable actuel.


Ce plan de 1814 figure bien le double tombolo. Curieusement le cordon ouest est relativement large par rapport au côté Est - (zoom)


Plan A - coupe sur sondage - (zoom)


Plan B - cordon antique induré - (zoom)


Plan C - coupe sur forage tombolo Est - (zoom)


Plan n° 1 - (zoom)

 


Plan n° 2 - (zoom)

 

* Plan n°3
--- De 5 000 BP à 2 000 BP nous trouvons des vases noires et mattes d'herbiers incarbonisées :
----- sous le tombolo Est : sur une épaisseur de 15 mètres ( niveau -25 mètres) --> plan C
----- sous le tombolo Ouest : sur une épaisseur de 3 mètres (niveau zéro). --> plan A
Durant cette période, la vitesse de montée des océans a nettement ralenti et l'érosion des reliefs semble avoir été limitée.
Nous constatons une dénivelé de 25 mètres entre les alluvions des deux tombolos qui sont espacés de 1500 mètres. Cela représente donc une pente de 1,5 cm/mètre ; ce qui peut sembler cohérent.
----- les vents d'Est amènent progressiment du sable sur l'ensemble de l'arête rocheuse du tombolo ouest (car pas de possibilités d'apports de matériaux par l'ouest).
----- Au nord de la presqu'île de Giens, une dune en épi commence à se former sous l'effet des houles d'Ouest et Est ainsi que des courants perturbés par la presqu'île. C'est ce qui va constituer la zone marécageuse de l'Estève (l'étang de l'Estagnets).
* Plan n°4
--- Le sable s'accumule par l'ouest contre le tombolo ouest et la hauteur de son dépôt augmente progressivement. Les vents d'Est déplace du sable par dessus la dune et créent ainsi la plage de "La Manarre" (Almanarre).
--- Le niveau des océans étant stabilisé, les alluvions sont "ballotés" alternativement par les vents d'Est et d'Ouest..
--- Avec la faible hauteur d'eau, les courants marins commencent à créer l'amorce du tombolo Est à partir de Giens (voir "comment se forme un tombolo" ci-avant).
--- Les alluvions ramenés par les vents d'Est créent une dune émergée de part et d'autre l'embouchure du Gapeau,
--- Le cordon Est commence à bloquer partiellement l'apport de nouveaux alluvions vers le tombolo Ouest.


Plan n° 3 - (zoom)

 


Plan n° 4 - (zoom)

 

* Plan n°5
--- Les dépôts d'alluvions continuent à engraisser le cordon dunaire Est qui finit par faire la jonction avec celui du Gapeau..
--- Les crues du Gapeau commencent à remplir "le couloir" situé entre la côte et le cordon dunaire Est. A ce moment là, les eaux peuvent s'écouler vers l'Almanarre avec celles du Roubaud et se retrouvent emprisonnées entre les deux tombolos. Cela favorise le dépot de vases d'étangs (plan A).
--- A partir de ce moment là, le tombolo Ouest est totalement privé d'apport de nouveaux matériaux et va commencer à régraisser. Chaque fois "qu'un grain de sable" sera emporté vers l'Est dans le nouveau marais, il ne reviendra plus et tous les prélèvements qui seront faits par l'homme ne feront qu'accélerer le phénomène.
* Plan n°6
--- Les
quantités d'alluvions apportés par les crues du Gapeau commencent à créer des zones de marécages.
--- Le cordon dunaire Est continue à s'engraisser,
--- Lors des orages, le Roubaud alimente "l'étang" qui vient de se former entre l'Almanarre et Giens.


Plan n° 5 - (zoom)

 


Plan n° 6 - (zoom)

 

* Plan n°7
--- Lors des crues du Gapeau, les marécages sont progressivement comblés et diminuent de surface.
--- A l'Est de l'embouchure du Gapeau les zones marécageuses sont progressiment aménagées pour collecter du sel à partir du début du millénaire par les grecs puis les romains.
--- A partir de 1480, le Roubaud draine les eaux de fuite du canal Jean Natte et il est canalisé jusqu'à l'étang du Pesquier.


* Plan n°8
--- Plans d'archives de 1638 qui correspond au plan n° 7 de l'évolution du double tombolo.


Plan n° 7 - (zoom)

 


Plan n° 8 de 1638 - (zoom)

 

* Plan n°9 et 10
Cet extrait de carte de 1727, qui est assez schématique, met en évidence une particularité à cette date.
Nous pouvons constater qu'il existe une brèche au travers de chaque tombolo (plage de "la Manarre" et plage d'Hyères).
Ces brèches ont probablement été occasionnées à la suite d'une importante tempête ou un fort débordement du Gapeau au travers des marécages. Le percement volontaire d'un canal est fort peu problable, car à cette époque les pêcheries dans l'étang faisait l'objet d'une activité commerciale.
* Plan n°11
37 ans plus tard, sur cet extrait de carte de 1764 nous constatons que la brèche dans le tombolo Ouest a été obstruée.

Un canal semble avoir été aménagé dans le tombolo Est, afin d'évacuer les eaux excédentaires de l'étang. La bastide des Pesquiers a été construite au niveau de ce canal.


Plan n° 9 de 1727- (zoom)

Plan n° 10 de 1764 - (zoom)

* Plan n°11
Le plan le plus précis, avant le détournement du Roubaud en 1822 et le dessèchement des marécages, reste la carte Cassini relevé sur Hyères en 1778.
On peut notamment observer en partant du sud de la carte :
-- les lacs de La Catte au sud/Est de l'étang du Pesquier,
-- l'étang de Lestève au sud/Ouest de l'étang du Pesquier (actuel Marais des Estagnets),
-- l'étang de l'Esparre au centre/nord de l'étang du Pesquier (là ou se jette le Roubaud),
-- l'étang de Rodes au nord/Est de l'étang du Pesquier (dit étang-long),
-- les marécages des Riolets (au nord de l'étang-long ou au sud du Ceinturon),
-- la lone du Ceinturon,
-- la lone de l'Estalle,
-- la lone de la Dollieule.

Toute la zone marécageuse (actuellement ; le Palyvestre, le Ceinturon et l'Ayguade) est vierge de voie de communication, sauf une vers la Plage et l'autre vers la bastide du Ceinturon.

Les cordons de sable des tombolos sont beaucoup plus importants dans la partie sud que dans la partie nord.


Plan n° 11 - Carte Cassini de 1778 - (zoom)

* Terrassement au Ceinturon


En octobre 2005 des travaux de terrassement importants ont été entrepris pour la construction d'une grande piscine au Camping du Ceinturon. Cela a permis d'examiner la constitution des dépots d'alluvions sur une profondeur de 3 mètres
Merci à M. Norre qui m'a permis de réaliser ces photos.


Echantillon de la couche noire de 3 cm d'épaisseur situé à environ 2,50m. de profondeur. Il est essentiellement composé de débris végétaux de très petite taille de couleur noire avec une faible proportion de sable. Il semble qu'il y ait eu là une crue très particulière, peut-être après un incendie important - (zoom)


Sur cette coupe de terrain nous pouvons observer que sur 3 mètres de profondeur nous avons un dépot d'alluvions du Gapeau constitué de sable fin homogène sans trace de végétaux. La moitié inférieure se compose d'un sable un peu "grisatre" avec une couche de 3 cm presque noire ! - (zoom)
Travaux pour assainissement des marécages

Dans de nombreux écrits nous retrouvons trace de maladies et d'épidémies dues en grande partie à l'environnement de ces marécages.

Le livre d'Alphonse Denis, "HYERES - Ancien et moderne" (consultable à la Médiathèque d'Hyères), nous apporte des précisions intéressantes sur ce problème et sur les travaux importants qui ont été entrepris pour remédier à cette situation.

Je vais reproduire ci après, à titre d'illustration, quelques passages essentiels relatifs à ce sujet (à partir de la page 416). Sur un extrait de plan du cadatre Napoléonien de 1828, je vais essayer de reconstituer les différentes étapes de ces importants travaux afin d'en faciliter la compréhension.

En lisant ce texte, n'oubliez pas qu'il a été rédigé entre 1840 et 1860 environ.


Voila ce que nous dit Alphonse Denis sur ce sujet :

* Situation jusque vers 1800

"Avec le temps, l'Etang-Long, par suite de la négligence ou de l'impuissance de ses propriétaires, avait été peu à peu converti, en grande partie, en un vaste marais dans lequel les eaux de la mer et les eaux douces provenant du Roubaud et du Gapeau, se mêlaient en toute liberté ; ce qui donnait lieu, pendant l'été et l'automne, à la production de miasmes délétères qui occasionnaient des fièvres endémiques, par lesquelles la population environnante et, même celle de la ville étaient décimées. Dans les derniers temps, ce marais ne nourrissait plus que des sangsues, dont la pêche et la vente occupaient quelques familles de pauvres gens.
Aucun effort ne fut tenté par l'Administration municipale, pour porter remède à un état de choses aussi fâcheux pour la santé publique. Elle se contenta de prescrire l'ouverture des travaux agricoles à huit heures du matin, en été comme en hiver, et leur fermeture à cinq heures du soir. C'était une sage mesure hygiénique, l'expérience ayant démontré que les effluves marécageuses productrices de la fièvre intermittente, ont leur maximum de puissance morbifique, avant le lever et après le coucher du soleil. C'est ce qu'annonce, aux heures prescrites, le son de la grosse cloche de l'église Saint-Paul. Cet usage s'est perpétué jusqu'à nos jours (1860 env.), malgré son inutilité actuelle ; il a même un inconvénient, pendant l'été, c'est de resserrer la période journalière du travail des champs, entre huit heures du matin et cinq heures du soir ; c'est-à-dire, pendant la partie la plus chaude de la journée.
Le seul produit agricole que l'on pouvait retirer des marais, consistait en herbes palustres de toute sorte, la plupart impropres à la nourriture du bétail ; mais qui, sous le nom d'apaillons, étaient employées comme litière, pour les écuries et les étables. Ces herbages et ceux des terres des Pesquiers, de l'Accapte; du Jail et de la presqu'ile de Giens étaient affermés à des cultivateurs, à des éleveurs de bestiaux ou à des marchands de fourrages, qui payaient, pour ce fermage, une certaine redevance à la Communauté. Ainsi, dans un « Compte des rentes et revenus de la Communauté de la ville d'Hyères, pour 1599 et années postérieures », on lit les mentions suivantes :

« En l'année 1600, reçu 8 livres 20 sols, de Nicolas Ranalhe, rentier des herbages de l'Accapte. — En 1602, reçu 410 livres de Balthazar Mareil, fermier des herbages de la Ville. — En 1603, reçu 401 livres de Loys Bomhys, fermier des herbages du Jay. — En 1604, reçu 110 livres de Barthélemy Boutin, fermier des mêmes herbages, pour la rente des dits herbages. »
Les descendants de ce dernier existent encore à Hyères ; ils se sont appelés plus tard, on ne sait pourquoi, Boutiny ou Bottiny, nom que cette famille porte encore aujourd'hui.
Au moment où, en 1689, la communauté d'Hyères avait aliéné les biens qu'elle possédait sur le bord de la mer, ces biens étaient loin de se trouver dans une situation florissante. N'ayant appartenu qu'à une Communauté, l'intérêt collectif avait eu moins de volonté et de puissance, pour les améliorer, que n'en aurait eu l'intérêt particulier; aussi, après l'aliénation, les nouveaux propriétaires, que l'intérêt personnel animait, changèrent-ils bientôt le déplorable état de choses que nous avons signalé. Par l'effet du temps et du travail des hommes, de bonnes et fertiles terres, telles que le domaine appelé le Palivestre (Paluestre, Palustris) dont le nom indique l'origine marécageuse, furent conquises sur les marais, qui furent de plus en plus refoulés vers la mer.
Cependant, les débordements du Gapeau, enflé par les pluies d'automne et d'hiver et par tous les petits cours d'eau, torrents et fossés, découlant des montagnes et collines qui bordent son parcours, continuaient à ravager les terres qui s'étendent sur ses deux rives, dans, le territoire d'Hyères. Ces débordements arrivaient jusqu'à l'étang des Pesquiers; où ils causaient souvent des ravages considérables."

 


Sur fond de plan de 1828 les flèches bleues schématisent l'ancien tracé (supposé) du Roubaud en suivant les alignements des limites de parcelles (5 ans après les travaux). Les points rouges indiquent les anciennes extrémités connues de cet ancien tracé - (zoom)

* Travaux envisagés vers 1800
"Ce fâcheux état de choses persista longtemps encore, sans qu'il fût pris aucune mesure, pour maintenir le Gapeau dans son lit. Mais le préjudice causé aux propriétés voisines devint tellement grave, qu'au commencement de ce siècle (vers 1800), la Municipalité d'Hyères, la Préfecture du Var et le Gouvernement Impérial lui-même s'en émurent. Sur la plainte des habitants qui voyaient, chaque année, les propriétés, riveraines de la rivière, envahies et ravagées par ses débordements, le Préfet du Var crut devoir organiser d'office, à Hyères, un Syndicat de propriétaires qui serait chargé de prendre les mesures nécessaires, pour s'opposer à ces dévastations trop souvent renouvelées. A la date du 12 mai 1807, le Préfet Dazémar établit un règlement en 39 articles, qui déterminait la formation, les pouvoirs et les ressources de ce Syndicat. Voici les principales dispositions de ce règlement.
« L'Assemblée des propriétaires intéressés, sous la présidence du Maire, se formera en Syndicat ; quatre Syndics nommés par l'assemblée pour quatre ans, administreront les affaires de l'association; une fois par an au moins, au mois de mai, les Syndics feront la visite des digues et autres ouvrages nécessaires pour contenir les eaux du Gapeau dans son lit ; l'association déterminera annuellement, dans son assemblée du mois d'août, les dépenses à faire pour l'entretien, la réparation et le renouvellement des digues et autres ouvrages; il sera établi une cote pour faire face aux dépenses, laquelle sera répartie sur tous les propriétaires intéressés, au marc le franc et suivant la contribution foncière, etc. » :

Ce règlement fut approuvé par un décret de l'Empereur, daté du palais de Saint-Cloud, le 21 août 1807, ainsi conçu :
« Le règlement proposé par le Préfet du Var, le 12 mai 1807, tendant à prendre des moyens pour contenir les eaux du Gapeau, réparer, construire et entretenir les digues qui défendent la plaine d'Hyères, contre les irruptions de ce torrent et qui est annexé au présent décret, sera exécuté dans toutes ses dispositions, comme règlement d'administration publique. Signé : Napoléon. »

"Ce décret et le règlement qu'il consacre furent peut-être exécutés dans les premières années qui suivirent leur promulgation ; mais ils tombèrent promptement en désuétude, et personne de la génération actuelle n'en connaît même l'existence. Aussi, le Gapeau continua-t-il chaque année et continue-t-il encore, de nos jours, ses débordements, sans que les habitants d'Hyères pensent à y porter remède et même à s'en plaindre.
Les améliorations qui avaient été obtenues dans certaines parties des marais et que nous avons signalées précédemment, n'avaient pas même été tentées sur d'autres; de sorte, que les miasmes exhalés par ces marais avaient continué, comme par le passé, d'être, durant l'été et l'automne, une cause permanente d'infection et de maladies, pour tout le territoire environnant et pour la ville elle-même."

 


Les flèches rouges schématisent le passage des crues du Gapeau, Roubaud, Sauvette et autres fossés à travers les marécages vers l'étang du Pesquier. Le cordon littoral situé environ 1,00m plus haut que les marécages empêche les eaux de se déverser à l'Est vers la mer et les guide au sud vers l'étang - (zoom)
* Travaux à l'initiativement de M. Louis Jean-Baptiste Aurran pour le dessèchement des marais

-- Etat des lieux

"Dans cette situation, un habitant d'Hyères, M. Louis Jean-Baptiste Aurran, déjà propriétaire d'une portion des terres et marais du Ceinturon, se proposa d'assainir, en les desséchant, ces terrains si insalubres. En conséquence, le 16 décembre 1819, il adressa au Préfet du Var, une demande à cet effet; à l'appui de laquelle il crut devoir signaler que l'insalubrité des marais dont il se proposait d'opérer le dessèchement, était telle que l'on avait compté jusqu'à «2000 cas de fièvres paludéennes, dans le cours d'une seule année, sur une population de 6000 âmes».
De son côté, le Conseil d'Etat, dans son avis du 19 septembre 1821, disait dans un des considérants :
"Que la ville d'Hyères, où une foule d'étrangers, attirés par la douceur renommée de son climat, viennent chercher, pendant l'hiver, le rétablissement de leur santé, a la douleur de voir, pendant l'été, ses propres habitants forcés de s'expatrier, pour conserver la leur, et que ceux, qui ne peuvent pas annuellement émigrer, sont atteints en grand nombre par le fléau des fièvres endémiques, etc.".

-- Projet de dessèchement
"Devant un pareil état de choses, il n'y avait pas à hésiter. Aussi, l'Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées du Département du Var, le Préfet, dans un rapport du 19 avril 1821, le Directeur général des Ponts et Chaussées, dans une lettre du 11 février de la même année, le Comité de l'Intérieur du Conseil d'Etat, dans un avis du 12 janvier précédent, tout le monde approuva le projet de dessèchement de M. Aurran, comme très avantageux pour la population de la ville d'Hyères. Un seul homme, un habitant du pays, M. Dellor, y fit opposition, dans l'intérêt du bétail, qui pouvait voir diminuer son pacage, si le projet de dessèchement était exécuté ; et, chose étrange c'était un ancien maire d'Hyères, qui se montrait plus soucieux du pacage du bétail que de la santé de ses anciens administrés. Heureusement que l'Administration supérieure, plus éclairée et plus humaine, ne tint pas compte de cette singulière opposition et sur l'avis de l'Ingénieur en chef, qui en démontra facilement le peu de fondement, on passa outre, et la proposition de M. Aurran fut favorablement accueillie.
Dans une lettre du 18 avril 1821, M. Aurran avait, en outre, déclaré qu'il s'obligeait à dessécher le marais des Rhodes, dépendant de l'étang des Pesquiers, qui avait aussi fixé l'attention du Comité du Conseil d'Etat. Le Préfet du Var, dans son rapport précité, avait estimé qu'il y avait lieu d'accepter la soumission de M. Aurran, concernant le marais des Rhodes. Mais ce dernier projet n'eut pas de suite; et M. Aurran dut borner son opération, au dessèchement des marais des Riolets et de la terre du Jail.
C'est alors que, par un acte du 26 septembre 1821, notaire Arbaud, d'Hyères, il s'empressa d'acquérir de M. Decheffontaine, successeur de Mme de Ricard, toutes les terres possédées par ce dernier dans le quartier, c'est-à-dire, une partie du domaine du Ceinturon, les Riolets, l'Accapte, le Jail et la Plage-de-Giens; vaste domaine dont il avait, résolu de dessécher tout ce qui se trouvait à l'état de marais."

-- Ordonnace royale pour la réalisation des travaux
Une ordonnance du Roi Louis XVIII, du 13 mars 1822, autorisa l'opération. Voici cette ordonnance :
Article 1er. - Le Sieur Jean-Baptiste Aurran est autorisé à faire le dessèchement des marais dits des Riolets et du Jaïl, situés dans la commune d'Hyères, département du Var; à charge par lui de présenter, sous le délai prescrit, le projet détaillé et motivé du dessèchement général de la totalité des marais contigus, y compris l'étang des Peschiers.
Article 2. - Ce dessèchement, ayant pour objet de détruire la cause des fièvres qui règnent annuellement à Hyères, pendant la saison des chaleurs, est déclaré une opération d'utilité publique et, en conséquence, l'entrepreneur jouira des privilèges accordés, par la loi, à notre déclaration.
Article 3. - Les travaux seront exécutés conformément au projet dressé, sous la date du 26 janvier 1820, par le Sieur Livache, ingénieur des ponts et chaussées, au tracé indiqué en rouge, sur le plan produit par les ingénieurs, portant la date du 4 mai 1821, le tout adopté par notre directeur général des ponts et chaussées, avec les modifications indiquées dans les avis du Conseil des ponts et chaussées, du 20 mai 1820 et 26 mai 1821; et encore sous la modification de conduire à la mer, et non à l'étang des Peschiers, le nouveau lit du Roubaud. — Ces travaux devront être terminés en trois campagnes, à dater du 1er janvier prochain.
Article 4. - En vertu de l'article ci-dessus, le concessionnaire aura la faculté de placer les canaux, levées, ponts, chaussées et autres ouvrages sus-mentionnés, dans les terres voisines ; il pourra aussi extraire les matériaux, dont il aura besoin, sur les mêmes terres, à la charge de payer au propriétaire l'indemnité voulue par la loi. Il jouira de la même faculté sur les terres du Domaine, sans indemnité.
Article 5. - Il est accordé au concessionnaire les deux tiers de la plus-value que les travaux de dessèchement produiront, sur la portion qui ne lui appartient pas, des terrains enclavés, dans le périmètre des ouvrages indiqués au plan du sieur Livache, ci-dessus mentionné et approuvé, dans le projet du sieur Duval, du 3 mars 1820; sans préjudice de la nouvelle portion à déterminer, pour les autres terrains qui seraient assainis par le dessèchement général, s'il est autorisé.
Article 6. - Les terrains desséchés et soumis à la plus-value seront, pendant 25 ans, conformément aux lois, exempts de toute nouvelle contribution foncière et ce, à compter de l'expiration des trois années accordées pour la confection des travaux.
Article 7. — Le concessionnaire sera propriétaire des nouveaux canaux, des chaussées et levées qu'il fera, en vertu de la présente, et y exercera tous les droits dérivant de la propriété.
Article 8. — Il sera formé, s'il y a lieu, conformément au Titre X de la loi du 16 septembre 1807; une Commission spéciale de sept membres pour juger les contestations qui pourraient s'élever, entre le concessionnaire et les propriétaires intéressés pour remplir, pendant le cours des opérations du dessèchement, les attributions déterminées par l'article 46 de cette loi.
Article 9. — A la fin de chacune des trois campagnes accordées au concessionnaire, pour l'exécution des travaux, un ingénieur des ponts et chaussées en vérifiera le degré d'avancement et s'assurera qu'ils sont exécutés, avec le soin et les précautions prescrites, par les règles de l'art. Lorsqu'ils seront terminés, la réception en sera faite par l'ingénieur en chef du Département.
Article 10. — Le Sieur Aurran présentera, dans le délai d'une année au plus tard, son projet de dessèchement général des marais d'Hyères et de l'étang des Peschiers, il remettra ce projet à la Municipalité d'Hyères, au Directeur des Domaines et au Préfet du département. — Ce projet contiendra les propositions du sieur Aurran pour une transaction à faire avec la Commune, le Domaine et les autres propriétaires ; s'il y a de nouveaux terrains à dessécher, le Préfet provoquera les délibérations nécessaires à cet effet, pour, sur le tout, être statué par nous, ainsi qu'il appartiendra, après que les formalités auront été remplies.
» Article 11. — Notre Ministre secrétaire d'Etat de l'Intérieur est chargé de l'exécution de la présente ordonnance. Signé : Louis. »

-- Lettre d'envoi de l'ordonnance

Dans la lettre d'envoi de cette ordonnance, adressée au Préfet du Var, le 31 mars 1822, par M. Becquey, directeur général des Ponts et Chaussées, il est dit :
« Que l'étendue des marais à dessécher sera portée, jusqu'au fossé du Palivestre, qui sera contigu et restera en dehors de la levée du Ceinturon ; que M. Aurran est autorisé à ajouter, à sa prise d'eau du Roubaud, pour l'irrigation des marais compris dans la concession, un empellement pour dériver à volonté les eaux troubles de ce torrent, et les porter dans les dits marais, pour en exhausser le sol; que le tracé des canaux tels qu'ils sont indiqués au rouge, sur le dernier plan produit par les ingénieurs, est approuvé ; en observant, quant au présent; de n'apporter aucun changement à la chaussée des Peschiers, et de ne faire, dans son voisinage, aucune digue qui puisse occasionner l'inondation des terrains supérieurs et motiver de justes plaintes de la part des propriétaires. Signé : Becquey.»

Sur fond de plan de 1828 sont tracés en vert :
- le canal de ceinture à l'Ouest et au nord afin de bloquer les arrivées d'eau venant de ces directions
- les canaux de drainage qui ramènent les eaux vers l'étang du Pesquier - (zoom)

-- Réalisation et réception des travaux
"Le dessèchement fut opéré, suivant ces indications, mais seulement pour les marais des Riolets et du Jail; le marais des Rhodes fut laissé de côté, pour le moment.
En 1824, les travaux étaient terminés. M. Duval, ingénieur en chef du Département, fut chargé de les visiter et de les recevoir ; et, dans son rapport, en date, à Draguignan, du 24 février 1824, il déclare « que M. Aurran a rempli les obligations qui lui étaient imposées, pour le dessèchement des Riolets et du Jail ».

Il résulte de ce rapport et d'un autre rapport complémentaire du même ingénieur, en date du 7 mars 1825, ce qui suit :

« Le lit du Roubaud a été dévié à la mer, depuis le point prescrit par le projet, jusqu'à la lône du Ceinturon, par le fossé de l'OEil; ce nouveau lit contient toutes les eaux et les bords en sont suffisamment relevés, pour qu'elles ne puissent en aucun temps s'extravaser dans les marais. La chaussée de ceinture du nord-ouest, destinée à empêcher les eaux sauvages et celles provenant des arrosages des terrains supérieurs de se jeter dans les marais, n'a pu, par suite de l'opposition des propriétaires, être portée jusqu'au fossé du Palivestre, qui devait constituer lui-même le fossé de ceinture ; M. Aurran a été forcé de l'établir sur son propre terrain, ainsi que le fossé de ceinture qui le double : cette modification ne peut qu'être approuvée ; le fossé de ceinture a été prolongé par un fossé de dégorgement, qui se rend à l'étang des Peschiers où les eaux ont tout l'écoulement possible. Le long du fossé qui existe en amont, au pied de la chaussée des Peschiers et dans lequel vient déboucher celui de ceinture, le sieur Aurran a établi une chaussée qui se lie avec celle du dit fossé de ceinture, avec contre-fossé en amont, pour recevoir les égoûts des marais; la hauteur de cette chaussée empêche qu'elle ne soit surmontée par les eaux de l'étang, sans pouvoir donner lieu à des inondations en amont des marais. A l'extrémité Est de cette chaussée, il a été établi une vanne à clapet, ouvrant du dedans des marais au dehors, au moyen de laquelle l'écoulement des eaux des marais a lieu, lorsque celles-ci sont plus élevées que celles du dehors, et qui empêche l'introduction des eaux extérieures, lorsque leur niveau s'élève au-dessus de celles des marais.
» Dans cet état de choses, le but d'une amélioration de la salubrité de l'air doit être atteint, et comme M. Aurran était parvenu, dès 1822, à empêcher les eaux extérieures de s'introduire dans les marais, ,depuis le commencement de juin, et qu'ainsi les marais ont été tenus à sec, pendant tous les étés et les automnes de 1822 et 1823, les effets de cette amélioration ont dû devenir sensibles; à cet égard le certificat du maire d'Hyères ne laisse aucune incertitude.
» Pour ce qui regarde le dessèchement complet des marais, il a été établi, par tous les rapports faits sur cette opération, qu'il ne serait entièrement terminé, que lorsque les parties basses auraient été élevées par les atterrissements, au-dessus des eaux moyennes de l'étang des Peschiers ; les dispositions faites tendent à accélérer cet attérissement. Signé : Duval. »

-- Vente de la propriété de M. Jean-Baptiste Aurran
"Le dessèchement des marais du Ceinturon ayant été ainsi opéré, en 1824, au grand bénéfice de la salubrité du pays, M. Aurran vendit sa propriété à M. Divernois, citoyen de Genève, savoir, les trois-quarts, par acte du 28 juin 1825, notaire Massillon, d'Hyères, et le reste en 1829, par acte du même notaire. Cette vente eut lieu sous les mêmes réserves qui avaient été imposées à M. Aurran, quand il avait acquis la propriété de M. Decheffontaine; c'est-à-dire, de laisser les habitants d'Hyères, jouir librement des droits et priviléges qu'ils possédaient, de temps immémorial, sur les terres de l'Accapte, du Jail et de la Plage-de-Giens, notamment d'y faire paître leurs bestiaux, d'y couper du bois, etc.
Plus tard, M. Divernois désira de se décharger de cette servitude qui gênait sa liberté de propriétaire. En conséquence, il échangea avec la commune d'Hyères, par acte du 18 mars 1838, notaire Massillon, le droit de pacage que les habitants avaient sur la terre du Jail, contre la propriété de la terre de l'Accapte, de 100 hectares environ, qui dès lors fut réintégrée à la Commune, qui la possède encore aujourd'hui. Cette terre fut affermée à des particuliers, moyennant un prix de ferme qui, en 1849, s'élevait jusqu'à 1050 francs par an. Mais il paraît que le fermier ne faisait pas de très bonnes affaires, car, en 1850, le Conseil municipal fit remise au fermier Jaunie, de la somme de 525 francs, formant le montant d'un semestre de sa rente, sur la justification des pertes qu'il avait éprouvées."

 


Le lit du Roubaud est dévié vers l'Est et va rejoindre la lone du Ceinturon (qui était l'amorce de l'ancien canal). Il se jette maintenant directement à la mer et ne va plus apporter ses eaux et alluvions dans l'étang du Pesquier.
La "levée du Ceinturon" qui est construite (à +2,00m NGF). au sud du lit du Roubaud sert de digue afin d'empêcher l'inondation des terres du Ceinturon et Riolets. - (zoom)


Le Roubaud dans sa version "bétonnée" actuelle à l'Est du service ELP.
Juste à droite du laurier rose, vous pouvez voir que le terrain naturel n'est qu'à environ un mètre au dessus du radier du Roubaud. Avant le béton il y avait un talus de terre - (zoom)

 


Portail de propriété en bois massif afin de prévenir les cultures
des débordements éventuels du Roubaud - (zoom)

 


La "levée du Ceinturon" et ses 1000m. rectilignes. Au centre le Roubaud, à gauche et à droite, les levées (talus) qui permettent de canaliser le Roubaud et éviter les crues dans les terrains environnant lors des forts orages - (zoom)

 


Levée du côté Est, avec vue de la piste d'aviation, à droite - (zoom)

 

* Travaux projetés au quartier des Riolets et à l'Almanarre
"Nous devons dire, cependant, qu'à deux reprises, les propriétaires des Salines des Pesquiers et celui du Ceinturon, formèrent des projets qui, s'ils avaient été exécutés, étaient, de nature à compromettre singulièrement lés bénéfices que les travaux d'assainissement, dont nous avons parlé, avaient procurés à la contrée. Il y a vingt-cinq ans environ, le propriétaire du Ceinturon eut l'idée malheureuse de vouloir y établir des rizières, comme en Lombardie; mais lors de l'enquête qui fut ouverte sur ce projet, il fut facile de démontrer l'énorme préjudice qui en résulterait pour le pays tout entier; le projet fut abandonné. Quelque temps auparavant, la Compagnie des nouveaux Salins, de son côté, avait demandé au Conseil municipal de la ville d'Hyènes, l'autorisation de construire, à la jonction des Pesquiers et de la plage d'Almanarre, une fabrique de soude, qui eût rendu inabordable une des plus belles et des plus agréables promenades du pays ; en même temps qu'elle eût dévasté le territoire environnant, par les vapeurs délétères qu'elle eût répandues sur les cultures. Une enquête eut lieu; et le projet repoussé par les habitants et par le Conseil municipal, dans sa délibération, du 17 juin 1855, n'eut pas de suite."

 

* Effets inattendus du dessèchement des marais
"Après le dessèchement complet des Riolets et du Jail, en 1822, la mise en culture et l'ensemencement des terres, qui avaient été conquises sur les marais, on observa un phénomène auquel on était loin de s'attendre, et qui diminua singulièrement la valeur que, au point de vue des produits agricoles, le dessèchement devait donner au domaine du Ceinturon.
On fut tout étonné de voir que les plantes utiles, céréales, légumes, herbes fourragères, etc., ne pouvaient y venir à bien. L'eau de la mer, dont les infiltrations baignaient profondément la base du sol, n'étant plus refoulée par l'eau douce qui la recouvrait autrefois et qu'on avait enlevée, remontait pendant l'été, par le fait de la capillarité, et le sel, venant effleurir à la surface, sous l'action du soleil, faisait périr les cultures : de sorte que les terres desséchées à grands frais, étaient devenues plus improductives que par le passé. Le pays y avait gagné d'être débarrassé des fièvres endémiques qui l'infestaient; mais cela ne faisait pas tout à fait le compte du propriétaire: Qu'aurait-il fait alors ? "

* Remise en eau progressive des anciens marais
"Le propriétaire aurait tout simplement ramené, dit-on, peu à peu les eaux douces dans le marais. Bientôt, les anciens végétaux palustres s'y reproduisirent avec une abondance extrême, constituant une espèce de fourrage grossier qui, sous le nom d'Apaillons, devint l'objet d'un commerce important. de sorte, que le domaine du Ceinturon, dont la ferme, dans les premières années qui suivirent le dessèchement, ne rapportait guère que 3000 francs par an, en rapporterait aujourd'hui plus de 30000, depuis que les eaux douces du Roubaud y auraient été ramenées."


Sur fond de plan de 1914, nous retrouvons les zones bleutées qui nous indiquent à nouveau des zones de marécages au Ceinturon , Riolets, Jay et Rhodes, suite à la remise en eau progressive de ces terrains par M. Divernois.
Sur ce plan il est indiqué le marais de" l'Esparre", ainsi que "Golfe de Costebelle", juste sous le nom "Le Palivestre". Il n'y a pas encore d'avions !
La ligne de chemin de fer qui va jusqu'aux Vieux Salins a été mise en service en 1876 - (zoom)

* Création du salin des Pesquiers
"Cependant, on ne s'était pas aperçu jusqu'ici, surtout depuis l'établissement des nouveaux Salins, qui avait complètement assaini les terrains marécageux, situés au nord des Pesquiers, que les agissements du propriétaire du Ceinturon, eussent eu une influence fâcheuse sur la santé publique. Pendant les travaux du chemin de fer, on avait bien observé, chez les habitants des campagnes voisines, quelques cas de fièvre intermittente; mais ils devaient être attribués aux grands mouvements de terrain, et à la stagnation des eaux pluviales dans les excavations qui furent pratiquées, et non pas aux effluves marécageuses pouvant provenir du Ceinturon."

Merci M. Alphonse Denis pour les informations précieuses qu'il nous a transmises ci-avant.
Pour les amateurs, ne manquez pas de lire ce livre dans son intégralité.

 


La création du salin des Pesquiers au nord de l'étang, va permettre d'assainir celui-ci. Il reste encore au nord, le marais de l'Esparre qui sera remblayé ultérieurement pour en faire la décharge municipale de l'Almanarre - Fond de plan 1900 - (zoom)

* Création de la base aéronavale du Palyvestre
Le mot "Palyvestre" vient du latin "Paludes", qui signifie "Marécage".
La plaine du Palyvestre était à l'origine un vaste paturage. Il devient un aérodrome au début du siècle.
En 1919, le Ministre de la marine décide d'assécher les pâturages et, en 1920, la Marine utilise le terrain du Palyvestre pour ses avions.
En 1922, le premier hangar est construit.
La piste de l'aérodrome a été construite sur la plaine marécageuse après des remblaiements. L'altitude de ce terrain d'atterissage se situe seulement 2,00 mètres au dessus du niveau de la mer.
Les terrains situés au nord/Est sont à la côte +1,00m ; ceux au sud/Est sont à la côte +0,50m environ ou subsistent encore des marécages dont les eaux s'évacuent vers la lone qui se jette dans le port de La Plage.

 


L'aérodrome avec ses batiments vers 1930 - (zoom)

Le camp d'aviation du Palyvestre vient de naître là ou sur le plan de 1914 il était indiqué "Golfe de Costebelle". Nous retrouvons le tracé de canaux (en bleu) pour l'assèchement des marécages - fond de plan 1932 - (zoom)

La piste "en croix" de l'aérodrome est construite. Ceci a conduit à certaines modifications des canaux de drainage des eaux. On trouve un étang au niveau de la Tour du Jay dont les eaux s'écoulent vers le port de La Plage - fond de plan 1959 - (zoom)
Travaux de remblaiements récents sur les marais


* La décharge municipale de l'Almanarre

A partir des années ???, il a été entrepris d'utiliser le marais de l'Esparre afin d'y crée la "décharge municipale" dans laquelle ont été stocké "des matériaux et objets divers" (à l'Est de la station d'épuration ; route des Marais). Cela allait de la terre végétale en passant par les gravas de chantier, les déchets végétaux ...... machives à laver, frigo et autres !!!
Les remblais réalisés sur une surface d'environ 9 hectares ont été stoppés il y a quelques années ....... à 30 mètres de hauteur. Avec ses 2,5 millions de m3, cela n'a rien d'esthétique dans le paysage.
Un projet de réhabilitation du site a été étudié. Il n'a toujours pas abouti.
Aujourd'hui au pied de cette décharge se trouve la déchèterie qui fait l'objet d'un tri sélectif.


Vue de Notre Dame de la Consolation ; en partant de la droite :
1 - Déchèterie pour tri sélectif
2 - Décharge municipale stoppé à 30m. de hauteur
3 - Parc d'attraction
4 - Parking du parc d'attraction - (zoom)
* Le parc d'attraction "Magic World"
Afin d'accueillir le parc d'attraction "Magic World", le marais situé entre le rond point Arromanche et la voie ferrée a été remblayé (au sud de la Tour du Jay).
Quelques années plus tard, le parc d'attraction sera déplacé entre la décharge municipale de l'Almanarre et le marais Redon. Les remblais viendront encore bien grignoter les marais du secteur avec notamment un immense parking de 1500 places pour accueillir les visiteurs ainsi que le "marché aux puces du dimanche".

Au premier plan le parking, au milieu le park d'attraction, le plateau de remblais en arrière plan : la décharge municipale - (zoom)

Les marais et les lônes .... survivants
Ces espaces humides "survivants" sont maintenant protégés comme le marais des Estagnets (Lestève), l'étang des Pesquiers, le marais Redon (Rodes ou Rhodes), ainsi que la zone des marais des Vieux Salins.
Ce dernier marais, à l'Est des marais salants est peut-être un "échantillon" de ce qu'était toute cette zone marécageuse à l'époque du moyen âge.
Cela permet de préserver les espèces animales et végétales qui les occupent.
Il reste également 3 lônes au nord de l'Ayguade qui sont probablement les restes d'anciens bras du Gapeau.
LES MARAIS AU SUD

Sur fond de plan Cassini de 1778 ; localisation de l'étang des Estagnets (Etang de Lestève)
et des lacs de la Catte (aujourd'hui disparus) - (zoom)
* Le marais des Estagnets

Le marais des Estagnets photographié de la table d'orientation de Giens - (zoom)

Le marais des Estagnets photographié de la plage en regardant vers l'Est - (zoom)
LES MARAIS ET ETANGS AU CENTRE

Sur fond de plan 1914 ; localisation du marais de l'Esparre (remblayé par la décharge municipale ; voir ci-dessus),
du marais Redon (appelé "Les Rodes") , l'étang de la Tour du Jay et la lone de la Plage - (zoom)
* Le marais Redon

Le marais Redon en regardant vers la ville - (zoom)

Le marais Redon en regardant vers l'ouest - (zoom)

Le marais Redon en regardant vers l'est - (zoom)


Le canal qui draine les eaux pluviales et qui délimite les remblais
du parking
à gauche et le marais Redon à droite - (zoom)

* L'étang de la Tour du Jay et lone de la Plage

L'étang de la Tour du Jay au sud de la base aéronavale recueille
les eaux des différents canaux de drainage de celle-ci - (zoom)

Arrivée du canal de ceinture ouest qui draine les eaux du secteur
et qui aboutit au canal ci-dessous à gauche - (zoom)

Portion de canal situé au sud/est du marais ci-dessus et
qui va se prolonger dans la lone (à droite) - (zoom)

Lone de la Plage située entre la route départementale et les immeubles
sous lesquel l'eau s'évacue ensuite dans le port de la Plage - (zoom)
* L'étang artificiel de l'Hotel Plein Sud

L'étang artificiel de l'Hotel Plein Sud présente aujourd'hui un "aspect sympathique" après la mise en place d'un double système de pompage qui le remplit et le vide d'eau de mer afin de créer un renouvellement permanent de l'eau. Cela évite la formation d'odeurs peu agréables, le développement des algues ainsi que la prolifération des moustiques - (zoom)

L'étang a été vidé en janvier 2006 afin d'en assurer le nettoyage. Il semblerait que cet étang s'est formé suite à l'extration de sable nécessaire à la construction de la piste d'atterrissage pour les avions dans les années 30 - (zoom)
LES LONES AU NORD/OUEST

Sur fond de plan 1914 ; localisation des lones dont la pluplart sont des "bras morts" du Gapeau - (zoom)
* La lone du Ceinturon et embouchure du Roubaud

Entrée du port de plaisance de l'Ayguade... et embouchure du Roubaud - (zoom)

Le canal du Ceinturon... vu du chateau d'Hyères - (zoom)

Lone du Ceinturon à 800m de l'embouchure en regardant vers l'est - (zoom)

Lone du Ceinturon (et Roubaud) vue du pont de l'Ayguade en regardant vers la ville - (zoom)
* La lone de l'Estalle

La lone de l'Estalle (situé au nord de l'Ayguade) a des dificultés pour
s'écouler à la mer à cause des dépots d'alluvions - (zoom)

La lone de l'Estalle (en regardant vers l'ouest) draine les eaux de
ruissellement des ruisseaux en amont. La réalisation du stade de l'Ayguade
a conduit à combler la partie nord de la lone de l'Estalle - (zoom)
* La lone de la Dollieule

La lone de la Dollieule a les mêmes difficultés que la lone de l'Estalle
pour évacuer ses eaux (voir ci-dessous) - (zoom)

La lone de la Dollieule (vue de la piste cyclabe, en regardant vers l'ouest)
se perd des marécages environnants - (zoom)

Vue à partir du bord de mer (en regardant vers l'ouest)

Malgré l'ouverte fréquente d'une brèche par les services municipaux afin de vider l'eau de la lone, le ressac de la mer ramène en permanence des alluvions qui l'obstrue à nouveaux. Cet exemple peut éventuellment illustrer la façon dont a pu se réaliser le cordon dunaire ?? - (zoom)
LES ETANGS AU NORD/EST
* Les étangs des Vieux Salins

En dehors des aires de tables salantes, il existe encore des zones qui nous
rappelle ce que pouvait être les marécages d'autrefois - (zoom)

Etangs situés à l'extrême Est des vieux salins. Les flamants roses
apprécient ces espaces bien paisibles - (zoom)